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Dimanche 18 Mars 2007 Couloir des libellules

 

  SAINTE VICTOIRE - COULOIR DES LIBELLULES – TRACE NOIR – ARETE SOURDIVE – CROIX DE PROVENCE – TRACE VERT FORCIOLI.

HORAIRE: 6 H - ****

PARTICIPANTS : Alain,Dominique, Gaston, Guy, Maurice et Rita.

                   Un peu plus de deux années se sont écoulées depuis qu’à onze, nous nous éreintions sous le soleil d’hiver, dans le couloir des Libellules , pour nous hisser péniblement vers la Croix de Provence, aujourd’hui restaurée ; survivance de la légende d’un pêcheur de Marseilleveyre qui fit un jour promesse de l’édifier s’il survivait à une terrible tempête.

            Pour nous six, point de tempête, si ce n’est dans les crânes de Dominique et Rita , victimes expiatoires d’un fulgurant mal des « rimayes » , à l’approche de l’objectif.

            Ainsi, aujourd’hui, deux femmes nous ont fait l’honneur de participer à notre excursion ; Rita qui reporte de semaine en semaine cette option , craignant de nous gêner ou de ne pas être à la hauteur et Dominique qui, elle, décide brusquement de franchir le Rubicon et de perturber un peu cette pratique « virile » jusqu’à présent, pré carré de la gent masculine.. Angélika, quant à elle, n’a pas réitéré son souhait de revenir au sein d’un groupe très fermé où  règne l’obscurantisme de meneurs incompétents et bornés !

            Qu’importe, le soleil est radieux et bien qu’il fasse un peu frisquet , ce matin au pied de la Sainte, bardés de cordes multicolores et néanmoins aussi usagées que mes baskets ( pas de commentaires ; j’ai l’accord du responsable de la sortie !), nous nous dirigeons vers les « deuzégues » où , déjà, une cordée attaque la deuxième longueur du Grand Parcours . Virant brusquement à l’Ouest, nous remontons vers le collet de l’Oppidum d’Utinos sous le regard bienveillant de la Croix de Provence qui nous domine effrontément hors de portée pour l’instant.

             Au cours de la montée, nous sommes rejoints et péniblement dépassés par des coureurs de fond qui semblent peu apprécier que pour qu’il y ait des fonds il faut aussi des crêtes et des cols vers lesquels il faut monter, exercice dans lequel ils ne semblent pas exceller. Les voilà qui dévalent enfin en direction du refuge Cézanne nous abandonnant enfin le libre passage. Là bas , sur le poudingue rosé des Moussaillons une cordée se débat avec les premières difficultés. Notre objectif est là, plus prés : le coup de sabre   du couloir envahi de végétation , raye la base de la montagne et nous indique le chemin.

            Hélas, une pancarte de facture récente, amoureusement plantée dans un tas de cailloux au pied du couloir, vient déstabiliser notre bel optimisme et surtout le moral défaillant des plus vulnérables du groupe. Elle précise que le franchissement du couloir est fortement déconseillé et que la chaîne salvatrice a été supprimée pour des raisons de sécurité. La présence de nombreux blocs « erratiques » atteste de la pertinence de cette éventualité.

Sainte Victoire, déséquipement Couloir des libellules

Il s'agissait d'une mission globale de "sécurisation" des sentiers de la sainte. Nous avons donc changé la totalité des chaînes des sentiers et déséquipé le couloir des libellules car l'érosion le rendait vraiment dangereux. La politique du Grand Site est aux antipodes de celle de l'ONF (bien mise en évidence lors d'un 6mn de M6), car plus près d'une réalité de terrain et du respect de leurs usagers. Il ne s'agit pas comme dans les calanques d'un dés équipement imbécile sans fondement autre que des ambitions de pouvoir, mais d'une réelle concertation entre les différents représentants des usagers.

L'information est ou était présente sous forme de panneaux au pied du couloir. Il faudrait sûrement l'élargir par l'intermédiaire d'une information plus globale au travers de revues, articles ou autre.

Cette information m’interpelle et me propose un rude dilemme à résoudre :

                Devons nous , nous engager malgré cet avertissement au risque de devoir nous replier , ou optons nous derechef pour l’accès par le tracé vert et l’Ecaille de Tortue ?

                Unanimement je décide d’aller voir  et nous éludons la question par un laborieux enfilage de baudriers, êtres malicieux voir machiavéliques , qui s’ingénient à poser des problèmes existentiels à tous les débutants . Dominique et Rita n’échappent pas à la malédiction du cuissard récalcitrant et il faut toute la méticuleuse attention,  la colossale connaissance encyclopédique des quatre mâles pour les livrer ,prêtes à l’emploi !

                Spontanément les cordées se constituent : Guy et Alain font équipe pour former une redoutable cordée réversible, Maurice se charge de Dominique et de son côté , Rita va devoir subir mes sarcastiques conseils !

                Dès le premier relais, avant de faire monter mes poursuivants, je décide d’aller expertiser le passage de la « chaîne » , pour examiner la possibilité de franchissement du mur de « sable » qui ferme le haut du couloir. Après un rapide essai, je redescends pour confirmer à l’assistance regroupée à mes pieds, que  le passage reste aisément franchissable. Rita s’élance donc dans les premières difficultés , découvrant avec bonheur, les vocables hermétiques des grimpeurs et la nécessité de démousquetonner les assurances au fur et à mesure pour éviter d’être laminée au travers de cette filière , dont la vocation est a contrario sécuritaire. Elle me rejoint , suivie de près par Maurice , fringant premier , tout à fait déterminé à éblouir sa partenaire !  

                Je lui libère un peu d’espace  au relais et je repars vers le haut du couloir , suivi par Rita qui apprivoise le vide, découvrant rapidement une aisance inespérée. Nous voilà au pied du mur sablonneux dans lequel sont toujours enchassés , telles des dents déchaussées , quelques blocs de calcaire à l’équilibre improbable , qui constituent malgré tout, un escalier « confortable » dans ce matériau pulvérulent , peu propre  à l’escalade. Qu’en sera-t-il lorsqu’ils ne seront plus là ?

                Au dessus du mur, au relais nous voilà rassurés. Les deux autres cordées nous y rejoignent. Après le franchissement d’une arête puis d’un petit couloir raide, nous pouvons nous décorder pour évoluer en toute indépendance, déployés en tirailleurs , au creux d’un petit talweg de dalles faiblement inclinées. Vers la droite, nous évitons les bombements surplombants de calcaire gris, pour nous insinuer vers une brèche qui nécessite à son tour l’usage de la corde.

                Au dessus, au gré d’incertaines marques de peinture noire, nous divaguons tant et si bien que bientôt Guy disparaît à nos regards , réapparaissant dans les endroits les plus incongrus se plaignant de l’absence de balisage.

                                 Nous voilà  regroupés contre l’arête des Rois Mages ; Rita profite du moindre arrêt pour un rapide ravitaillement en vol. Les couloirs se succèdent pour nous amener dans le système de fissures terminales de L’arête Sourdive. Là, l’escalade continue remplace la marche en terrain raide. 

                Par essaims successifs, coincés au creux des cheminées, la troupe évolue , montrant des mœurs plus grégaires , soucieuse de conserver la cohésion du groupe.. Je vois les débutantes se vautrer littéralement sur le rocher ,  espérant y trouver plus d’adhérence, frein indispensable pour contrecarrer cette irrésistible aspiration du vide , liée à cette force de gravité que Newton aurait bien pu s’abstenir de découvrir ! Les jambes, les genoux mis à contribution de façon éhontée, exhiberont demain , les stigmates , témoins de gesticulations et âpres combats contre la gravitation universelle.

                 Toujours est-il que nous voilà enfin sous la Croix parmi la foule du dimanche , qui avec sa naïveté habituelle s’extasie de voir surgir des extraterrestres, des insondables abîmes de la face sud.  

Laissant Guy interpeller chacune de ses « connaissances » , nous nous précipitons en contrebas, à l’abri du vent , dans une conque à peine abandonnée par un groupe de randonneurs, pour déjeuner enfin : il est plus de deux heures !

                Rita s’accorde un petit quart d’heure de marche supplémentaire pour vaquer à la recherche du site rêvé, d’où, seules nos cordées poursuivantes , pourront l’observer à loisir, alors qu’elle peut enfin se libérer du cuissard et satisfaire à une envie pressante. La rapidité de notre repas, me fait consentir à une petite sieste dont  Rita et Dominique profitent largement ( j’ai des preuves).                                 

                Vers 15 H , il est temps de partir et de franchir un petit couloir ambitionné par Alain au détriment du GR , assez bon pour ces rampants de randonneurs ! La traversée du garagaï nous reconduit en face sud très ensoleillée et à l’abri du vent. Nous dévalons l’éboulis en direction du tracé vert . Quelques séances de ripe-cul nous aident à franchir les ressauts les plus débonnaires ; d’autres, plus sérieux, exigent l’usage de la corde . Rita et Dominique découvrent les joies ineffables de la descente en paquetage, au bout d’une corde dont je suis seul à maîtriser l’évolution .  

                Enfin , l’ « écaille de tortue » est atteinte ; un dernier rappel nous regroupe sur le sentier d’où nous pouvons admirer la face de la montagne qui à cette heure bénéficie d’un éclairage rasant mettant en valeur bosses et creux , reliefs d’ombre et de lumière particulièrement esthétique.

                                                               Vers la ville à travers les haleines du thym ,

 

 

 

 

                                               On retournait, charmé par le grand soir latin,

                               Et nos yeux que juillet remplissait de sa gloire

                Cherchaient en plein azur le mont Sainte-Victoire.

                                                                                               Louis Le Cardonnel               

 

 

 

 

                A 16 H 45 nous sommes aux voitures pour de réciproques congratulations.

 GASTON

 Pour voir les photos  cliquer çi-dessous:

http://amitie.nature.over-blog.com/album-347194.html

 

 

 Ou dans ALBUM PHOTOS
  couloir des libellules
  à gauche sur le blog !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

 

 

 

 

 

 

 

                                                                              

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SUPER !!!<br /> Avec les textes et les photos , on s'y croirait.<br /> Et les souvenirs me reviennent d'avoir fait cette voie en solo en janvier 2004 avec du solei , du vent et même un peu de neige en face nord retour par le pas de l'Escalette  .A aix on l'appelait la voie RAMO .rie .<br /> Pour voir les photos  :<br /> http://omrphotos.free.fr/albvoieRamo/
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