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CORNICHES DAVID : 07 DECEMBRE 2008

LE PRESIDENT A LA CANDELLE

 

Son épouse avait déjà purgé la descente du château du diable en recevant force cailloux sur le râble ; le mari n'a pas non plus toléré la persistance de vieux clous dans les voies modernes, il a donc fallu qu'il les nettoie avec acharnement n'hésitant pas à payer de sa personne dans un envol gracieux et primesautier  :

            « Dans ce club il faut que je fasse tout moi-même ! » affirme –t-il sentencieusement !

Revenons à cette journée mémorable qui fait suite à une vacuité de deux longues semaines dans notre activité favorite.

Dès samedi, certains se sont échauffés dans la face sud des Goudes, aux rocher de Saint-Michel d'eau douce, affrontant avec délectation le redoutable toit de garrigou et la non moins illustre voie des deux Anes. Seuls, les quatre autres participants (Alain, Rita, Gérard et Maurice) vont devoir se mesurer à l'ascension de la Candelle sans préparation aucune et en l'absence de toute acclimatation à l'altitude et aux dures conditions de ce sommet prestigieux, certes, mais oh combien isolé et redoutable si l'on ne s'est préalablement confronté à tous les pièges sournois que cette montagne maléfique peut tendre aux néophytes.

"La Candelle? Je ne viens pas!" Déclare Françoise qui décide de suivre les randonneurs.

« Tu crois que je peux ? Que ce ne sera pas trp dur? » Éternelles interrogations de Rita en défaut de préparation psychologique. Subrepticement j'ai préparé maints itinéraires de repli :

-- les corniches sud-est.

-- le tracé noir de la Candelle et la cheminée du  CAF.

Je reste toutefois optimiste car seuls Raymond et Gérard n'ont pas encore pratiqué l'itinéraire original des corniches David et comme chacun sait, ils se classent parmi les meilleurs (expérience, sens de la montagne, solidité physique et psychologique...).

Dans les pas d'une récente randonnée menée par Alain, nous remontons vers le col de Sugiton puis via le Virage, encore désert, nous remontons vers les treize contours pour traverser sous l'Oasis, au pied du promontoire des Américains, contournant la Cathédrale pour nous insinuer dans le couloir ombragé de la Candelle.

Après avoir franchi quelques ressauts, nous en remontons la rive gauche pour atteindre les éboulis et après une bonne suée, parvenir au pied de l'arête de Marseille où déjà une cordée est engagée.

Là, nous rejoignant le sentier réaménagé récemment et qui mène aux voies les plus prestigieuses de la face :

-- la centrale ( 6 b ).

-- les corniches David (IV maxi).

--Armata Calanca (qui par le socle pour atteindre le sommet de la Candelle, en onze longueurs 6 B maxi).

Courageusement nous nous dirigeons vers les corniches David. Prenant conscience que déjà quatre participants sur six ont déjà réalisé avec succès cet itinéraire, je propose une variante par les corniches sud-est situées loin en contrebas. Le groupe d'attaque se plie volontiers à mon caprice et c'est au pied d'un couloir baragneux encombré de "chaînes" que nous nous équipons.

Au préalable j'effectue une reconnaissance en direction de la cheminée sud-est qui a le mérite de récupérer l'arête de Cassis beaucoup plus bas. La traversée s’avère aisée mais un peu exposée, peu facile à sécuriser pour un groupe pourtant. Par ailleurs une cordée est engagée dans la partie inférieure d'Armata Calanca juste au-dessous et pourrait se trouver  sur la trajectoire de quelques projectiles malencontreux. Je reviens donc en arrière pour m'engager enfin sur les ressauts qui me mènent à un premier chêne sur lequel je fais relais. RITA, Maurice, et Raymond m'y rejoignent. Je poursuis mon investigation jusqu'au haut du couloir pour constater que la suite est également inintéressante et débouche sur une traversée broussailleuse peu esthétique et sans intérêt pour la fine fleur de l'escalade que constitue mon équipe.

Je décide donc un repli stratégique et en deux rappels je rejoint Alain et Gérard qui patiemment se prélassent au camp de base. Rita a quelques difficultés avec un rappel emberlificoté dans la végétation et qui tend à la faire penduler vers la droite. Après quelques invectives et conseils avisés des « pros » hilares, elle retrouve enfin son équilibre et le pied du talus.

Il ne me reste plus, après une heure de valse hésitation (merci Gaston !) Qu'à remonter vers l'attaque des corniches David. Déjà les deux grimpeurs engagés dans Armata Calanca, nous ont rejoints et attaquent la septième longueur en 6b dans un beau dièdre surplombant.

Je laisse ces jeunes loups à leurs itinéraires modernes et sécurisés pour attaquer la courte cheminée qui mène au premier relais de la voie. Rita y teste un genou technique et très bientôt me voilà au pied de la fissure Mummery, cet Anglais, alpiniste de renom qui serait l'auteur de la maxime :

--"Where there is a will, there is a way!".

La volonté nous l'avons ! Le chemin quoiqu'un peu vertical est évident. Affranchi de mon sac je m'y lance en premier. Du relais, il ne me reste plus qu'à hisser nos impedimenta (au nombre de 6 dont certains plutôt lourds et je me réjouis que Guy ne soit pas des nôtres !).

Voilà maintenant Rita qui avec son sens habituel de l'itinéraire tourne délibérément le dos aux prises. Il faut dire que dotée d'une nature exigeant une restauration continue, il ne lui est pas possible de mémoriser la progression de ses prédécesseurs et c'est donc totalement « vierge » qu'elle découvre  chacun des passages. La seule chose dont elle se souvient c'est le confort utérin offert par la fissure qui s'évase en partie haute et  lui permet de s'insinuer langoureusement entre la paroi et l'écaille. Maurice tentera à son tour ce retour à l'état d'embryon, seulement il a pris depuis de l'embonpoint et l'accouchement se fait dans la douleur. La deuxième cordée brillamment menée par Raymond s'affranchit rapidement de ce passage technique. À nouveau en traversée je contourne le couloir des "baragnes", laissant à ma gauche la voie de la face sud pour rejoindre  notre salle à manger encadrée à droite par la suite d'Armata Calanca et sur la gauche par le 7a de songe d'une nuit d'été.

Attablés, nous dominons le Cap Morgiou, l'Oeil de Verre  et l'Ile de Riou : Un fond de ciel splendide pour le déjeuner. Au dessert, nous voyons passer nos deux compétiteurs qui s'égaient au-dessus de nous. Nous allons à notre tour emprunter cette voie sur les seuls quatre mètres de 4 dont elle dispose, pour traverser à nouveau en direction du couloir cheminée qui constitue la difficulté principale de la voie.

Le cheminement est toujours défendu par un arbre mort, trop gracile pour constituer une prise acceptable et suffisamment robuste pour générer un maximum de gène à la progression ce qui vous oblige à vous infiltrer à sa droite pour le contourner par l'intérieur. Libéré du sac je tente à nouveau l'expérience, me glisse derrière le bananier et m'insère sur la gauche dans une cheminée confortable où je peux sécuriser ma progression en couronnant un bloc d'une large sangle (ficelle de grande longueur- NDLR ) !

En traversée je puis rejoindre le "long life" muni d'une sangle noire et  mousquetonner le dernier piton original de la voie (paix à son âme) pour enfin traverser sur la droite vers le relais ce, après avoir préalablement disposé maintes sangles (courroies ou ficelles- NDLR ), destinées à faciliter la progression des suivants.

            Je puis enfin me livrer au tirage des sacs.. Bis repetitas !

Rita va réussir à rejoindre le haut du bloc à gauche mais a quelque mal à traverser à droite libérer sa corde des dégaines , et se lancer à corps perdu vers le mousqueton suivant  :un peu essoufflée , elle y arrive enfin !

Maurice et Raymond progressent en parallèle, Raymond tout droit en grand écart et Maurice à gauche dans la fissure salvatrice... Nous voilà maintenant quatre au relais.

Raymond me prête un de ses seconds : quel honneur de se voir confier le tout nouveau président ! Indifférent à nos sarcasmes celui-ci progresse tout droit vers le réseau dense de sangles et de dégaînes ; réussit à se libérer à gauche et s'affranchit de l'obstacle constitué par la corde de Gérard qui bien entendu lui ferme le chemin. Et tout d'un coup ; quelle mouche l'a-t-elle piqué ? ; il part comme un bouchon, plein vide, blaqueboule sur la paroi, tout surpris de tenir encore une dégaine ornée de la tête du piton qui vient de se rompre brutalement au ras de la roche. C'en est fait du dernier clou original des corniches David !

Plus de peur que le mal ; le relais a tenu. Rapidement Alain reprend ses esprits et va dispenser le reste de ses forces pour retrouver une position orthodoxe sur la paroi. Voilà nous y sommes ! Gérard, lui, ne pourra pas poursuivre le nettoyage systématique entrepris par celui qui préside aux destinées du club. Par contre il va devoir multiplier ses efforts pour récupérer tout le matériel abandonné.

Nous joignons rapidement l'arête de Cassis qui n'opposera que quelques longueurs faciles à notre soif de sommet.

Au dernier relais, un peu sous l'arête, les stakanovistes du 6 b, terminent à leur tour l'ascension de la Candelle. Nous avons parcouru trois ou quatre fois la distance qui viennent d'accomplir, dans du trois et du quatre pour  les battre sur le fil. Honneur aux anciens !

Après une brève photo des vainqueurs au sommet, un rappel nous ramène au col de la Candelle.

Il est déjà tard, aussi, nous renonçons aux 13 contours pour leur préférer la redescente du couloir du Candellon d'où nous pouvons admirer une jeune femme engagée dans le pas de l'arête de Marseille (ceux là, sans doute devront redescendre à la frontale).

À la tombée de la nuit nous rejoignons les voitures.

 

Gaston

 

 

 

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C
QUEL ARTISTE CE PRESIDENT ALOZY !! Il va nous faire le coup de l' Attentat de La Grande Candelle .Bravo aux médias complaisants qui relayent aussitôt le mondre de ses gesticulations!!Signé: Un abonné attentif.
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R
Toujours aussi sympa a lire !!Du bon Gaston Merci et Bravo pour tout
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